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Pour les victimes rencontrées, porter plainte permet d’inclure un tiers entre soi et l’agresseur, transférer la responsabilité aux mains de la justice et amener l’auteur et l’acte dans le champ social. La plainte est l’élément constitutif des faits ; elle devra la répéter à plusieurs experts, juges, médecins. Pour ne pas vivre cette procédure pesante, certaines déposent une main courante ; d’autres repartent sans porter plainte. L’adjudant Kozak développe les raisons qui poussent certaines victimes à retirer leur plainte : « Elles ne veulent pas donner de suite ; elles ne veulent pas que la personne mise en cause soit entendue ; elles ne veulent pas que la famille soit perturbée ; elles ne veulent pas qu’il y ait de fracture au niveau familial. »

 

Il est encore plus difficile pour un enfant de parler face au regard judiciaire.

 

François Devaux, abusé dans son enfance et co-fondateur de l’association La Parole Libérée, revient sur les enjeux liés à l’extériorisation de ce qui est vécu : « L’enfant est programmé pour aimer. Ce n’est qu’après qu’il remet en question. Jusqu’à qu’il devienne sexué, l’enfant aimera de manière indéfectible, y compris ceux qui lui portent violence. S’il coupe ça, il meurt ».

 

L’enfant ne connaît qu’un environnement, à la fois aimant et source de violences. Faire la part des chose n’est pas envisageable. Exposer sa situation reviendrait à faire voler en éclat le monde qui l’entoure et se détruire.

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Un sur dix. C’est le nombre de viols connus par la justice par rapport au nombre de cas effectifs. C’est aussi le nombre de condamnations par rapport au nombre de plaintes déposées. Et même si ce type de violences sexuelles est plus dénoncé que par le passé, la prise de parole face aux institutions juridiques reste difficile.

 

Les viols portés à la connaissance de la justice sont en hausse de 12% dans les postes de police, et 10% en gendarmerie, en 2017.

Et pour cause : en théorie, il devrait y avoir un policier ou un gendarme pour traiter les cas de violences familiales dans chaque brigade. Afin de mieux recueillir la parole et accompagner la personne. En théorie. Les victimes sont davantage, et mieux, entendues au fil des années, mais un réel dissensus persiste autour de la question de leur accompagnement. Les forces de l’ordre mettent-elles en place un réel dispositif efficace pour orienter les victimes ? En a-t-on réellement fini des enquêtes de moralité ? Sur ces questions, nos interlocuteurs restent divisés.


Véronique le Goaziou, sociologue spécialisée dans les violences et les délinquances, précise ce point : « Dans sa recherche de la vérité, la justice doit interroger la victime : ce qu’elle est, comment elle vit, comment elle aurait éventuellement contribué à ce qu’elle a vécu, car la justice doit être impartiale. [...] Le doute doit toujours profiter à l’accusé, on doit chercher les éléments les plus indubitables pour établir qu’il y a eu viol et absence de consentement »

Et Véronique Le Goaziou de compléter : « L’enfant est rarement dénonciateur de ses parents. Il faut attendre plusieurs années, peut-être à l’adolescence, voire à l’âge adulte, pour que l’enfant puisse parler de ce qu’il a vécu et, éventuellement, dénoncer cela à la justice ».

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« Ça a été une épreuve [de porter plainte à la gendarmerie] parce que c’était la première fois que je relatais les faits à une personne que je ne connaissais pas. À un homme. Ça a été un peu compliqué au début parce qu’il y avait beaucoup de pudeur… mais le Capitaine de la gendarmerie m’a vite mis à l’aise. » se confiait Sébastien B.

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