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« On peut être victime et être comme tout le monde, on ne doit rien de plus que les autres à personne, on se doit d'essayer de briser un peu ce tabou », assure François Devaux. Une manière de se reconstruire après le traumatisme mais toutes les victimes ne parviennent pas à cette résilience. Vincent Carrier a été violé par son ex-femme. Il a été pénétré par des stylos et des crayons mais pour lui le choc reste bien réel : « Parler de ces événements me permettait de dénoncer le tout. Mais je n'avais pas nécessairement besoin d'appuyer sur ces événements-là ». Tout au long de sa vie conjugale, Vincent a été sous l’emprise psychologique de sa compagne. Le regard d’autrui est difficile à assumer lorsqu’on est un homme et encore plus lorsqu’on est père.

 

Quand il a raconté son histoire à l’enquêtrice sociale chargée d’attribuer la garde des trois enfants, elle ne l’a pas cru. Si bien que Vincent est revenu sur ses propos pour ne pas perdre son rôle de père. Aujourd’hui, il n’a la garde que de sa plus jeune fille, une semaine sur deux. Mais dès qu’il entend la voix de « son bourreau », Vincent ne se sent pas bien.



 

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En France, en 2017, 40 400 personnes se sont rendues dans un commissariat de police ou une gendarmerie pour révéler les violences sexuelles dont elles avaient été victimes. Toujours selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, ils étaient 2 132 hommes, entre 18 et 75 ans, à exposer des faits de viol aux forces de l’ordre dans le rapport Interstat de 2017. À savoir qu’une plainte sur quatre mettait en cause le cadre intrafamilial. Les garçons, les adolescents ou les hommes ne font pas exception à cette statistique. Cependant une omerta pèse sur les individus masculins.

Les violences sexuelles subies par les hommes sont un tabou en France, encore aujourd’hui. Le ministère de l’Intérieur estime à 8% le nombre de plaintes pour des violences sexuelles pour l’ensemble des agressions subies en France. Un nombre encore faible qui dénote des sentiments de culpabilité et de honte dont sont victimes les proies des prédateurs sexuels. Mais la sociologue Alice Debauche, spécialiste des questions de genre, est optimiste : « Selon les statistiques, on observe une part croissante du nombre de déclarations donc on peut se dire qu'ils [les hommes] accèdent de plus en plus à la parole ».

 

 

 

C’est dans la sphère intrafamiliale que surviennent l’essentiel des viols et des tentatives de viols. « De plus, les hommes sont exposés aux violences sexuelles sur une période plus courte de leur vie », poursuit la sociologue, Véronique Le Goaziou. Le rapport Cadre Vie Sécurité (CVS) 2017 corrobore cette tendance : « Les hommes sont victimes très majoritairement lorsqu’ils sont mineurs. Cet environnement comprend aussi les viols conjugaux, 2% des adultes victimes de viol sont des hommes ayant subis une agression commise par leur conjoint.e », admet le rapport gouvernemental. Selon un rapport de recherche de l’ORDCS réalisé en février 2014, seulement 1% des agresseurs seraient des femmes.

 

Lors des Assises contre les Violences Sexuelles, à Paris de janvier 2018, ils étaient cinq hommes à discuter ouvertement de ce qu’ils avaient subi. « Moi aujourd’hui, on me reproche de ne pas être crédible, de ne pas être assez fracassé en tant que victime. Finalement on a besoin les uns des autres parce qu'une victime, dans la souffrance et la douleur, a des difficultés à l'exprimer », expliquait François Devaux, abusé dans son enfance et président de l’Association La Parole Libérée. Ils racontent tous, un par un, les étapes par lesquelles ils sont passés. Puis vient le tour d’Edouard Sigward, « On reste dans cette situation qui a beau être toxique, parce qu'on n'a pas d'alternative, pas d'autres possibilités en tant qu'enfant »

Après un tel choc, il est nécessaire de s’entourer de professionnels qui savent prendre en compte ces traumatismes. Les professionnels des secteurs sociaux, de la psychologie, de l’éducation ou de l’animation commencent à être formés pour repérer les victimes dès leur plus jeune âge. Les enfants ou adolescents sont donc mieux repérés et ne grandissent plus dans le déni ce qu’ils subissent. Les autorités ont entrepris des travaux sur l'imprescriptibilité des victimes mineures et sur l’âge du consentement sexuel. Le 5 mars 2018, l'État a tranché pour que l'âge du consentement sexuel soit fixé à 15 ans.  Grâce à ce projet de loi, les personnes de moins de 15 ans seraient considérées non-consentantes. Il n’y aurait plus, pour la justice, à devoir trancher sur la volonté de la personne.

 

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Omerta (n.f.) : Silence qui s'impose dans toute communauté d'intérêts.

Imprescriptibilité (n.f.) : Qualité d'un droit ou d'une action qui ne peuvent être atteints par la prescription.

Cliquez sur les mots en gras pour faire apparaître leur définition.

Observatoire Régional de la Délinquance et des Contextes Sociaux de la Région Sud

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« Entre mes 12 et mes 16 ans, tous les vendredis ou presque, je me faisais violer », raconte avec émotion Sébastien B. Le rugbyman n'a pas su se défendre à l'époque. Mais aujourd'hui il se reconstruit grâce à l'association qu'il a créé.