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L’amnésie n’est pas la seule forme de stress post-traumatique. Certaines victimes connaissent des troubles dans leur vie de tous les jours « je ne peux pas aller dans un vestiaire remplis d'hommes », témoignait Esteban Morin, abusé dans son enfance. D'autres encore, « revivent les événements sans cesse dans leur sommeil », poursuit Gérard Lopez, psychologue clinicien et directeur de l'Institut de victimologie de Paris. Des troubles qui peuvent se révéler réellement handicapant dans la vie quotidienne.

 

« Les enfants, victimes de violences incestueuses, peuvent perdre le sens du jeu », conclut Martine Nisse, thérapeute familiale au sein du Centre de thérapie des Buttes Chaumont. Le traumatisme du viol est si fort qu'il est difficile, si les victimes sont pas ou peu entourées, de se reconstruire correctement.

Sébastien, Vincent, François et toutes les victimes doivent traverser des étapes nécessaires, parmi lesquelles figurent la reconstruction psychologique. Le fait d’accepter en quelque sorte. Mais cette période n'est pas évidente pour chacun. Le plus dur est d'accepter le traumatisme et de le surmonter, « aujourd'hui je ne suis pas heureux, pas épanoui dans ma vie d'homme », admettait Esteban Morin lors des Assises contre les violences sexuelles à Paris en janvier 2018.

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Une souffrance difficile à exprimer... Même devant des professionnels de la psychologie. En effet, Vincent Carrier, victime de violences conjugales pendant des années n'a pas réussi à se faire comprendre par les nombreux médecins qu'il est allé

voir : « pendant deux ans, un psy m'a répété "mais pourquoi vous la laissez faire ?" » Un manque de « formation, d'informations sur le sujet concernant le monde médical et judiciaire », selon François Devaux, co-fondateur de l'Association La Parole Libérée.

Un tabou qui pèse sur les victimes, pourtant ce ne sont pas à elles de culpabiliser. « Le plus souvent c'est la honte (le regard d'autrui) et la culpabilité (le regard que nous portons sur nous-même) qui empêchent les victimes de porter plainte. », explique le psychologue clinicien Samuel Mergui. Et pourtant, aller dénoncer un tel acte devant les forces de l'ordre fait partie du parcours de reconstruction. « Même si les faits sont prescrits, il y aura peut-être une victime plus jeune que vous du même prédateur qui portera plainte aussi et ça pèsera plus lourd », conseillait Alexandre Hezez, co-fondateur de l'association La Parole Libérée.

De plus, les victimes ne sont souvent pas crues ou sont discréditées auprès de leurs proches quand elles osent en parler. « Souvent les victimes de viols sont l'objet d'exil familial, parce que c'est difficile d'admettre que c'est le voisin, l'amoureux ou l'oncle », précisait Martine Nisse, thérapeute familiale. Mais Sébastien Boueilh, fondateur de l'association Colosse aux pieds d'argile et victime de viols répétés dans son adolescence a vécu ce déchirement familial après avoir porté plainte.

Dans certaines conditions, il est donc difficile d'en parler et d'être pris au sérieux. Dans d'autres cas,il est impossible de sortir du silence car le cerveau a décidé d'« oublier » ces événements traumatisants... C’est ce que les spécialistes de santé appellent l'amnésie post-traumatique. Il s'agit d'un phénomène psychologique naturel au cours duquel le cerveau oublie un événement traumatisant et très violent. Toutes les victimes de viols ne sont pas sujettes à des amnésies post-traumatiques mais celles qui en souffrent peuvent retrouver des souvenirs des années après les faits. D'où la lutte des associations françaises pour l'imprescriptibilité. En février 2018, la loi impose aux mineurs victimes de viol un délai de prescription de 20 ans à compter de leurs majorités et de 10 ans aux victimes adultes. Or nombre de victimes ne se souviennent des faits qu'après des années et il est parfois trop tard pour que la plainte soit reçue et une enquête ouverte.

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